On a dit

On a dit

Quand sur les éclats de vers et des regrets on l'a croisée, loin des bruits inutiles, à son silence on la reconnait.
On a dit d'elle bien des choses, qu'une encre desséchée suppose.
On a dit qu'elle avait endormi toute sa mémoire, ses souvenirs et ses rires.
Que sur la feuille frêle de ses pensées, de ses mains orphelines glacées, entre chaque larme d'émotion versée, elle a su garder les gestes de ses mots qu'elle ne dira plus.
On a dit aussi qu'elle a laissé tout ce qu'elle  avait été et tout ce qu'elle ne sera plus.
Qu'aujourd'hui on la voit marcher et que son ombre la suivait, par la main la tenant, s'assurant pour qu'elle ne tombe. Une question d'équilibre, quelque chose qui s'incombe.
On a dit que bien longtemps, dans chaque portion d'espace occupé, dans tous ces lieux d’où elle venait, elle, qui par ses habitudes, ses goûts des gens qu'elle rencontrait, dans chaque chanson qu'on l'entendait fredonner, mais qui par le poids de l'absence, des années écoulées, des mots abandonnés en silence, l'oubli s'écrivait par instance.
On a dit que malgré l'envie de vouloir tout effacer, à contre courant elle continuait à avancer, ne sachant où aller, du bout des doigts cherchait à toucher le bonheur en faisant taire orages et hivers avant l'heure.
On a même cru l'entendre hurler de rire pour taire ses plaies, embrasser les soupirs pour bousculer le manque, caresser les pardons jusqu'à noyer l'envers.
Combien de verres suffiraient à effacer l'amer pour regagner ce cœur à découvert.
Mais aujourd'hui, on dit qu'elle dort dans les bras du sable fin sur une plage sauvage, qui a su le lui remettre à l'endroit du rivage,  réparant pour ainsi dire, quelques fissures.
Mais on dit tellement de choses. On n'est pourtant jamais sûrs...

 © Shanyce Sarah 
Simply Me