Mémo d'une jonquille

MÉMO D'UNE JONQUILLE

À pas feutrés la robe de l'aube se retire Plus rien ne bouge dans le temps égaré La plume se pose à l'ombre du néant Pourchassant le silence qui crisse le raffut Et s'allonge jusqu'aux murailles de l'invisible J'entends grincer la porte des souvenirs De ces voix confuses dans le ciel déchiré Qui se déposent sur les étagères intimes D'un printemps que l'été tente d'improviser L'étreinte des mots qui sous l'encre s'effiloche À travers les sentes d'une mémoire dévêtue Gravissant les marches du haut d'un vertige Pour saisir le songe impudique dans son envol J'invente alors le jour pour éviter d'y sombrer À l'adresse des prières que l'hiver a raturé Dans le fouillis de l'impossible qui est mien S'ourle pourtant l'espérance qui s'endort Vers cet horizon où personne ne m'attend.

Photo: Daffodil and blue vase

Marilyn Mking